RDC : "Jeune Afrique" lâche Kabila
A Kinshasa, certains observateurs se demandent "pourquoi Jeune
Afrique a-t-il attendu dix ans pour mettre à nu les méthodes et les
pratiques " de Joseph Kabila ?... et pourquoi maintenant ? Le contexte
international pousse certainement l'ensemble des journalistes (moi y compris) à
revoir leur approche de certain régime en place. Quel journal ou magazine osait
clairement qualifier Ben Ali de dictateur il y a encore quelques mois ?
Aucun... avant son effondrement aussi rapide qu'imprévisible. En Afrique,
les dictateurs ou apprentis dictateur son légion... et les régimes dits "autoritaires"
représentent la quasi totalité des pays du continent. En République
démocratique du Congo (RDC) comme ailleurs, 15 années de guerres ininterrompues
ont vu se succéder des chefs d'Etat dont la priorité première n'a jamais été la
démocratie... de Mobutu...à Kabila fils. Des dirigeants qui ont fonctionné à la
répression, à l'intimidation, sans se soucier des droits de l'homme, de la
liberté de la presse ou de la sécurité de leurs concitoyens.
Si les premières années de la gouvernance Kabila ont suscité une certaine
bienveillance dans la presse internationale (sa jeunnesse, sa discrétion, le
1+4... ), 10 ans plus tard, le président Kabila "déçoit"... selon
François Soudan de Jeune Afrique. A 10 mois d'un prochain scrutin présidentiel en
RD Congo, le bilan de Joseph Kabila dressé par Jeune Afrique est très négatif.
L'hebdomadaire panafricain dénonce également un système quasi-mafieux à la tête
de l'état congolais, pourvu d'un gouvernement parallèle :
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent
au sein de cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La
très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée
par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux contrat chinois a été géré
de A à Z par la gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui
ont suivi. »
« Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé
où le cach est roi et la corruption reine, des conseillers occultes (de Joseph
Kabila) font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et
des paradis fiscaux. »
« A Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph a tout promis, ou
presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin
désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il
se retirerait dans sa ferme. Tout en le couvrant de cadeaux pour l’anesthésier-
montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur- il
(Joseph Kabila) se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le
secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre. »
Et puis, il y a le business du multimillionnaire Israélien Dan Gertler, «
devenu plus puissant que Forrest » avec la revisitation des contrats
miniers. « De fait, après le jackpot de Katanga Mining, lancé en partenariat
avec Forrest avant une cession au géant suisse Glencore, on n’arrête plus
Gertler. Tout porte à croire qu’il est avec des associées Congolais- derrière
l’énigmatique Higwind Properties, basé aux Iles Vierges britanniques. C’est
cette société qui a assuré le portage sur le permis minier de Kolwezi retiré
sans indemnités, en août 2009, aux Canadiens de First Quantum et revendu, en
septembre 2010, aux Kazakhs d’Eurasian Natural Resources Corporation (ENRC),
pour 175 millions de dollars (128 millions d’euros). Une sacrée belle
affaire. Les Canadiens affirment avoir investi, en pure perte, 450 millions de
dollars sur un gisement estimé à 1 million de tonnes de cuivre et 400 000
tonnes de cobalt. » note Jeune Afrique dans son dossier de 14 pages
sur le système Kabila.
Un portrait sans complaisance...qui tombe seulement 10 mois avant l'échéance
présidentielle, prévue en novembre 2011.
Par Christophe Rigaud, www.afrikarabia.com